Thaumetopoea pityocampa
Type de bioagresseur
Dynamique
Importance des dégâts
Très forte. Affaiblissement des végétaux et risque sanitaire important (allergies).
Stade sensible
Période à risque
Biologie
La processionnaire du pin est un papillon de nuit au stade larvaire de la famille des Notodontidae :
Les papillons ont une vie éphémère et font leur apparition en période estivale variant de quelques heures à plusieurs jours.
Dès que les adultes apparaissent, les mâles sont attirés par la pityolure, une phéromone sexuelle femelle.
Après la phase d’accouplement, les femelles partent à la recherche des pins pour s’y poser et procéder à la ponte utilisant 2 aiguilles comme support. Ce processus dure environ 3 à 4 heures.
Les pontes sont représentées par des manchons de 2 à 5 cm de longueur.
Il est possible de différencier le mâle de la femelle à l’état adulte par leur taille, la femelle étant 2 fois plus grosse.
Une évolution à 5 stades :
Les œufs éclosent après 30 à 45 jours, nécessaires à un cumul de température moyens journalier de 780° après émergence des adultes.
L’éclosion se produira de fin juillet à fin septembre.
Oeufs
Il existe 3 critères pour différencier les 5 stades de la vie larvaire :
La taille de la chenille
La quantité de soies
Le volume de la capsule céphalique (tégument sphérique, sclérifié, sombre, de la tête)
Jeunes chenilles
Dès la sortie des chenilles, au stade 1, la construction du nid débute.
Refuge provisoire
Un entrelacement de soie est tissé autour d’un manchon de ponte, le pré-nid.
Les chenilles resteront en groupe tout au long de leur vie larvaire et s’alimenteront la nuit en procession, reliées au nid par un fil de soie.
Premiers repas
Les chenilles tissent un nid plus résistant au 5ème stade larvaire afin de se préserver des effets de l’hiver.
Abri permanent
A la fin de cette période de vie aérienne c’est la phase de procession de nymphose qui débute à partir de février. Les chenilles partent alors à la recherche d’un sol meuble et ensoleillé pour s’enfouir et se tisser un cocon de nymphose.
Sympôme et Dégats
La processionnaire du Pin s’attaque aux résineux sur le territoire national.
Les papillons adultes mesurent de 35 à 40 mm. La femelle a un abdomen volumineux, cylindrique avec une partie terminale noire. Ses antennes sont filiformes. Les mâles sont plus petits, avec un abdomen plus étroit présentant un pinceau de poils écailleux à son extrémité. Leurs antennes sont longues et pectinées.
Les chenilles, de couleur foncée, portent de nombreuses touffes de poils brun-rouge. Elles possèdent en position dorsale des miroirs composés de poils urticants, de très petite taille (0,08-0,16 nm) et réfléchissant la lumière. Ils sont fusiformes avec une extrémité portant des barbules acérées qui permettent leur pénétration dans la peau mais pas leur extraction. Ces poils contiennent une protéine urticante, la thaumétopoéine. Les chenilles peuvent se défendre en projetant ces poils, sans contact direct, jusqu’à 80 cm.
Outre un préjudice esthétique causé notamment aux arbres d’ornement, les chenilles engendrent, d’une part, une défoliation (partielle ou totale) qui provoque des pertes de croissance pouvant être importantes sur les jeunes peuplements et, d’autre part, affaiblissent l’arbre qui devient alors sensible aux attaques de ravageurs xylophages ou aux maladies. Il semblerait que les processionnaires choisissent majoritairement des arbres déjà affaiblis par d’autres maladies ou de mauvaises conditions de culture. La défoliation intervient de manière importante à partir du 3e stade larvaire et jusqu’au 5e.
Dès la fin de l’été, l’extrémité des pousses jaunit et des petits nids de soie se forment. Plus tard, ces nids deviennent de grosses bourses, avec présence des chenilles à l’intérieur ou à leur proximité.
Informations complémentaires
Les poils urticants produits dès le troisième stade larvaire, et qui restent présents dans les nids d’hiver pendant plusieurs années, peuvent causer des réactions cutanées plus ou moins prononcées au niveau du visage et du cou, des bras et des mains. Ces réactions (démangeaisons et parfois oedèmes) peuvent durer une quinzaine de jours et sont amplifiées par la sueur qui assouplit la peau et facilite la pénétration des poils dans l’épiderme.
Ces poils peuvent aussi, s’ils ne sont pas enlevés très rapidement, engendrer de graves lésions oculaires (cataracte, glaucome…) Leur inhalation peut être source de gênes respiratoires ou de crises d’asthme. Ils peuvent enfin être préjudiciables pour les animaux sauvages, d’élevage et domestiques, notamment les chiens. Le plus souvent, les lésions sont une nécrose de la langue, des oedèmes aux babines et des vomissements.
Même si le cycle biologique est généralement annuel, il existe des gradations des populations de processionnaires sur des intervalles de 7 à 10 ans. La densité des chenilles peut augmenter très rapidement pour atteindre une culmination qui dure 2-3 ans (on assiste à une défoliation très importante des arbres attaqués), puis elle régresse pour atteindre un seuil de latence avant une nouvelle gradation.
Ces gradations seraient dues aux cycles combinés de l’activité de divers prédateurs.
Contrôle et lutte
Moyens de lutte :
La lutte physique :
Lutte sylvicole :
Elle vise à diversifier les espèces forestières en plantant des essences insensibles permettant de réduire la colonisation de chenilles.
Lutte mécanique :
Elle consiste à prélever les nids à l’aide d’un sécateur ou d’un échenilloir puis à procéder à l’incinération des prises. Cette méthode ne permet de maîtriser les attaques que sur un nombre d’unités limité ou des petites surfaces.
Il est important que l’opérateur se protège de l’effet des poils urticants en revêtant un E.P.I. (Equipement de Protection Individuel).
Le tir au fusil peut-être efficace par très base température mais est à déconseiller car il provoque un effet indésirable en disséminant les poils urticants.
La lutte biologique :
Le piégeage à phéromone sexuelle consiste à attirer les papillons mâles dans des pièges et ainsi réduire le nombre de femelles fécondées. Cette méthode est efficace à condition qu’elle soit associée aux autres techniques alternatives (glues arboricoles, pièges à collerettes…).
Lutte microbiologique :
Cette méthode est basée sur l’application d’une bactérie, généralement le Bt, par pulvérisation héliportée, manuelle ou par le biais d’un canon nébulisateur au cours des premiers stades larvaires, en automne.
Un inconvénient est à signaler, ce bacille est associé à un adjuvant qui peut présenter un problème pour l’environnement. En effet, celui-ci est constitué d’huile minérale paraffinique et est souvent classé X (nocif) R-65 (Pouvant provoquer une atteinte des poumons en cas d'ingestion) et peut donc impacter la faune et microfaune non-cible.
Le Bt est une bactérie Gram-positive en forme de bâtonnet de la famille des Bacillacea. C’est une bactérie ubiquiste de notre environnement présente dans les sols à l’état naturel ainsi que dans le feuillage et de nombreux végétaux. On dénombre près de 70 sous-espèces identifiées par leur sérotype flagellaire.
Le Bacillus Thuringiensis (Btk) sérotype 3a3b est la sous-espèce utilisée dans la production d’insecticides visant les larves de lépidoptère.
Cette bactérie produit une protéine cristalisée durant la sporulation. C’est ce cristal qui contient les endotoxines qui vont provoquer la mort de l’insecte.
Cristal
Après ingestion par l’insecte, les cristaux sont dissous dans l’intestin à un ph alcalin proche de 10. Les protoxines (protéines solubilisées) vont être lysées sous l’action des protéases intestinales et produire un fragment protéique constituant la toxine.
Une fois liée à des récepteurs spécifiques présents sur la membrane des cellules épithéliales de l’intestin, la toxine induit la formation de pores dans la membrane provoquant la mort de la cellule par effet de lyse.
Ce processus présence une double spécificité de la toxine à l’insecte :
La première concerne la solubilisation du cristal alcalin très rare el la seconde est liée à la spécificité de la liaison toxine-récepteur membranaire.
La toxicité du Btk est également liée à la germination de spores de la bactérie. Le ph élévé de l’intestin permet aux spores ingérées de germer et de provoquer de ce fait une septicémie chez le porteur.
La prédation Naturelle :
Des auxiliaires sont présents dans l’environnement direct des processionnaires et une des actions complémentaires consiste à poser des nichoirs afin de faciliter l’implantation de prédateurs insectivores efficaces, comme les mésanges par exemple.
Conclusion
Les arbres hôtes ne sont pas réellement menacés par les chenilles processionnaires car ces derniers, lorsqu’ils sont sains ne meurent pas suite à une défoliation.
Par contre, les propriétés urticantes représentent un réel problème de santé publique.
Le Bacillus Thuringiensis, utilisable en agriculture biologique, n’est pas classé comme matière active à risque toxicologique et est encore actuellement très utilisé car encore considéré comme le meilleur moyen de lutte microbiologique contre les chenilles défoliatrices (processionnaires du pin et du chêne, tordeuse, bombix…).
Par contre, les adjuvants associés lors des épandages ou pulvérisations contiennent des substances classées pour le milieu aquatique. Il serait donc judicieux de poursuivre les recherches visant à préciser les risques potentiels que ces substances pourraient représenter sur une certaine faune ou microfaune terrestre ou marine.
En parallèle, il est important de dynamiser l’utilisation des techniques alternatives aux traitements chimiques et microbiologiques en se basant sur les méthodes mécaniques et biologiques de plus en plus performantes. Ces techniques n’ont pas pour objectif d’éradiquer les chenilles processionnaires car elles ont un rôle dans la biocénose mais bien de limiter leur présence à proximité des zones d’activités humaine afin de limiter les risques d’expositions provoquant irritations, allergies et parfois des réactions bien plus grave comme des chocs anaphylactiques (réaction allergique exacerbée, entraînant dans la plupart des cas de graves conséquences et pouvant engager le pronostic vital..)
Synthèse du cycle biologique et méthodes de lutte
Cadre réglementaire
Le code de la santé public précise que les règles générales d’hygiène et autres mesures visant à préserver la santé de l’homme en matière de salubrité des agglomérations, des habitations et tous milieux fréquentés par l’homme sont fixés par décret et complétés par arrêtés départementaux ou municipaux.
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